La météorite
de
DRAVEIL
Chute du 13 juillet
2011 |
Si un jour
on m’avait prédit que je partirais à la chasse aux
météorites en prenant le RER C pour descendre à la
station Juvisy en bord de Seine, j’aurais sans doute
souri ! Et pourtant c’est ce qui m’est arrivé pendant
cinq jours à la fin de ce mois de septembre.
Tout a commencé le jeudi 22 septembre dans ma galerie
de l’Ile St Louis lorsqu’une personne m’a dit avoir
trouvé une météorite. Ce monsieur sort de sa poche une
belle pierre météoritique toute fraîche et me demande si
je peux l’aider à l’expertiser. Il faut savoir que
depuis plus de quinze ans nous avons en moyenne une
trentaine de demandes d’identifications de météorites
par semaine, cela se passe par mail ou dans notre
galerie. Mon fils Louis Carion a fait une statistique :
la probabilité est de 1 météorite sur 3000 pierres
présentées et encore parmi cela 1 sur 2 provient des
déserts d’Afrique du Nord.
Dans le cas présent Mr Mosset me montre un magnifique
« caillou extraterrestre » de 88 grammes bien typique :
croûte noire, rémaglyptes, intérieur blanc, traces de
fer et de troïlite, réaction à l’aimant, l’idéal. Nous
tenons une vraie météorite de plus tombée prés de Paris.
Mr Mosset m’explique que lors d’un orage trois semaines
auparavant, surpris par une fuite d’eau sous le toit, il
a fait appel à un couvreur qui en remplaçant les tuiles
cassées a trouvé cette fameuse météorite. L’ouvrier en
prélève un bout pour lui-même et donne le reste au
propriétaire. Je m’aperçois qu’il manque un gros
fragment vers le bas, celui-ci a dû glisser sous les
tuiles. Un rendez vous est pris pour le dimanche suivant
sur les « lieux de crime » !!
Nous sommes accueillis par Mr Mosset et sa compagne qui
en souriant me dit, coup du sort, s’appeler Mme Comette
(avec deux T précise t’elle) cela ne s’invente pas !
Après notre discussion du jeudi soir il avait soulevé
les tuiles mais sans retrouver le fragment manquant.
Peut être le couvreur avait il fait un prélèvement plus
important que celui annoncé.
Ceci est une découverte majeure, pas pour l'aspect
scientifique, mais parce qu'aucune météorite connue
n’était tombée à moins de 80 km de Paris. Nous
apprendrons plus tard que la chute a eu lieu durant le mois
de juillet (le 13). Le couple étant en vacances à cette époque
n’a pas entendu le bruit de l’impact. Petit sourire de
notre part quand on pense au battage médiatique
concernant la météorite bretonne et les déclarations
fracassantes de certains, pendant qu’une météorite bien
réelle tombait aux environs de Paris en toute
tranquillité.
Durant presque trois mois après la découverte chez Mme
Comette, nous avons cherché tout autour, allant dans les
banlieues voisines de Draveil à Juvisy et de Grigny à Savigny sur Orge
(malheureusement sans succès). Nous avons distribué des
courriers aux habitants avec des flyers "Wanted". Nous
avons amorcé et participé et à de nombreux articles
médiatiques (TF1, Canal +, France 2/3, Le parisien,
Nouvel Obs).
Grâce à un papier du Parisien, mon fils Louis est
contacté par une dame vivant à Savigny sur Orge qui
prétend avoir un caillou qui ressemble à celui de la
photo de l'article. Dans la foulée, mon fils prend le
RER et se rend chez cette dame. Il authentifie alors
celle qui deviendra la pièce majeure de cette chute: un
spécimen de 5kg ! La dame explique que la pierre a cassé
sa margelle de jardin et a abimé une fenêtre il y a
quelques mois. Elle conservait l'objet à des fins
d'assurances et n'osait pas y toucher. Elle pensait que
l'objet était tombé d'un échafaudage juste à côté. Elle
explique aussi qu'il y avait pleins de petits morceaux
de pierres qu'elle a balayé et jeté à la poubelle... En
discutant, elle se souvient aussi que le facteur lui
avait dit avoir vu quelque chose tombé dans son jardin !
Nous retrouvons le facteur qui se souvient avoir aperçu
une pierre taper le bord de la maison et tomber derrière
le mur hors de sa vue. C'était le 13 juillet 2011 entre
11h et midi. Le facteur se souvient aussi que le
ciel était "plombé", ce qui explique en partie pourquoi
cette chute est passée si inaperçue dans une région
aussi densément peuplée.
La météorite de 5kg finira sa course au Muséum de Paris
où elle est encore exposée actuellement.
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